Robert DOISNEAU, la mémoire des Halles à Paris
Très belle exposition à l'Hôtel de Ville de Paris sur Robert DOISNEAU,
et particulièrement sur ce lieu pittoresque qu'ont été les Halles un siècle durant, et sur le gigantesque chantier qui les a vu disparaître...
"Paris perd son ventre et un peu de son esprit" a pu déclarer le maître incontesté d'une photo populaire, criante de réalisme, de vie et de poésie.
Superbes images d'archives de ces Pavillons Baltard, à l'architecture toute de fer, de fonte et de verre, dont Doisneau sait parfaitement dégager l'esthétique beauté.
Lieu de vie d'une extraordinaire intensité où régnait un sentiment de convivialité et d'entraide, les Halles ont été pour nombre de ses acteurs en tous genres, une véritable famille... Doisneau saura en témoigner.
Mais arrivent les années 60, le quartier étouffe et les conditions sanitaires deviennent préoccupantes,
ce vaste marché couvert ne peut plus rester là, en l'état en plein coeur de Paris, il faut penser à le déménager...
En 1969, en un week-end, la totalité de l'activité est transférée à Rungis.
Une longue période de latence va suivre, de nombreux projets se succéder, un trou béant gigantesque s'offrira de longs mois au regard affuté de Robert Doisneau, lequel fixera celui des nombreux curieux...Au fond, imperturbable, l'église Saint-Eustache regarde l'immense chantier ouvert à ses pieds, profond jusqu'à en donner le vertige...
Heureusement rôdée désormais à ce genre de péripéties, elle vit à nouveau un énorme chantier; l'ancien jardin des Halles n'est plus,
Il y avait un jardin... un autre, nouveau, verra le jour...
Robert Doisneau, en maître de l'observation, a su fixer dans ses clichés, érigés aujourd'hui en pièces de musée, une vie sans fioritures, sans artifice, tantôt drôle, comme cet homme chevauchant une petite bicyclette, tantôt qui interpelle, tel ce portrait d'enfant immergé très tôt dans un monde d'adultes qui le dépasse...
L'exposition nous donne à plonger dans ce Paris des Halles aux milles métiers,
la vie y est dure, mais le sourire et la bonne humeur y sont de rigueur.
Tranches de vie, les "burettes du diable" sont de service,
portraits,
tous ces clichés sont porteurs de curiosité, d'infini respect,
la jeune maraîchère,
la vendeuse de choux,
le fort des halles, souriant lors d'une pause cigarette,
perplexe, au rayon boucherie,
on fait la tête,
et là, dans une rue proche, des moments de bonheur !
Puis, quand vient le matin la fin du marché quotidien, d'autres acteurs occupent le terrain; glaneuses et glaneurs viennent chercher parmi les invendus et les restes, de quoi subsister...
Splendide rétrospective donc, à voir d'urgence car elle se termine bientôt,
dernier jour le 28 avril...
Pour vous mettre l'eau à la bouche, voici les pages de la notice distribuée gratuitement; l'entrée aussi est gratuite, par la rue de Rivoli, face au BHV, il y a du monde évidemment, s'armer de patience ou arriver tôt le matin, l'entrée débute à 10 heures (en arrivant à 9h40, il n'y avait "qu'une cinquantaine de mètres" de file étroite... elle s'est très vite étirée à perte de vue dans les 10 à 15 minutes qui ont suivi !
Les photos sont autorisées mais sans flash.
Merci Monsieur Doisneau pour ces témoignages extraordinairement touchants d'une période qui a marqué l'histoire de la ville de Paris.
Sans doute aurai-je l'occasion de revenir sur l'oeuvre de cet immense photographe, avec des extraits notamment de son recueil que j'ai acheté lors de cette expo,
il recèle d'admirables clichés qui se passent de tout commentaire, tel celui-ci, titré
"Bolides" réalisé en 1946, Robert Doisneau (1912-1994) avait 34 ans.
Et pour finir, encore un sourire, celui de la jeune vendeuse de légumes...
Photos réalisées vendredi 13 avril 2012 en faible lumière et en évitant d'importuner les visiteurs, nombreux; elles sont toutes visibles en grand par un clic.
On se souviendra dans ces pages de
"La belle et la bête" que j'avais repérées toutes deux de ce côté du forum des Halles,
aujourd'hui toutes deux disparues...
Enfin, tout récemment, en ces lieux, je célébrais ce... "Vive le printemps"
"Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté..."
chante Dominique A ; Robert Doisneau l'a fait !...